La fête du 15 Août
« France Info, Bonjour ! Nous sommes le lundi15 Août 2005, il est 7h.»
Le réveil me surprend du fond de ma couette, et ma première pensée est pour regarder le mur de la caravane.
Déception. Aucune des petites tâches lumineuses allumées par le soleil du matin lorsqu’il brille sans gêne. Il y a donc des nuages. Donc, sûrement, des bancs de stratocumulus.
Je passe une tête dans l’air bien frais de ce jour d’été, et si la bouffée que je respire est fraîche et ample comme je l’espérais, les bancs de nuages redoutés parsèment effectivement le ciel. Leur vitesse de défilement confirme par ailleurs la présence d’un vent soutenu en altitude. Grompf….
Le petit déjeuner est cependant copieux… on ne sait jamais.
A 8h, je retrouve comme prévu les copains aux hangars, mais leur enthousiasme m’a devancé : leur planeur est déjà en piste, je ne peux que les aider à sortir… le mien !
Le soleil continue sa lutte avec les couches de l’étage moyen. Heureusement, la limite est à quelques kilomètres à l’Ouest, et le ciel bleu grignote peu à peu. Ce ne sera peut-être pas la journée de l’été (celle de l’année a déjà eu lieu….le 17 mai… jour de semaine…), mais elle nous promet de quoi bien nous amuser.
J’aime l’odeur de la traîne au petit matin !
9h. X est prêt de fond en comble, en tête de la grille (merci les copains !). Des barbules se mettent en place à l’Ouest. Devant l’affluence de ce jour férié, Vincent et François renoncent aux LS qu’ils ont préparés (respectivement 4 et 6) contre un biplace. On a déjà aligné certains planeurs, sans être sûr de leur pilote du jour. Ca fera gagner du temps à tous.
9h30, le briefing d’affectation des machines bât des records d’horaire. Jamais il n’a été si tôt, et pourtant, les cumulus se bousculent pour se mettre en place dans notre ciel. Nous allons être en retard à la fête des aigles …
Je passe voir le remorqueur, qui mange. Il m’interroge immédiatement :
« A quelle heure tu veux décoller ?
- d’ici un quart d’heure ?
- …<déglutition> ... OK ! »
9h45, les cumulus gonflent un peu. Mais ils se traînent toujours paresseusement bas. J’hésite un temps qui me paraît infini… et si je décolle et qu’il y a 0,3 m/s sous 300 m ? Avec ce vent, je ne reste même pas 5 minutes dans le local ! Et ensuite ? Et si je passe ma journée dans mon champ, sous les cumulus ? Et pourquoi je n’ai pas gagné au loto pour mettre un p…de turbo derrière mon dos ? Mais si j’attends 1/4h, je perds du temps… Et si, et si, et si…
Vincent me met la pression « si tu décolles maintenant, on n’aura jamais décollé aussi tôt à Chérence ! Mais si tu te vaches, je ne viendrai te chercher qu’à la fin de la journée».
Grande inspiration : comme d’habitude, rester calme ! Comme d’habitude : attendre que mon instinct me donne le feu vert.
9h55. Cette fois, ça y est, les cumulus changent de tête : de vraies bases noires se forment. Du coup, ils paraissent encore plus bas, mais au moins, c’est sûr, il y a des pompes en dessous. IJ met le moteur en marche.
10h00. C’est parti pour une montée à 1000 m. Plus d’hésitation. Franchissement des bases entre 350 et 400m. Largage tout là-haut, au dessus du sommet des nuages. Le remorqueur me dit merci de lui offrir un tel spectacle. C’est moi qui dois le remercier : certains remorqueurs dorment encore à cette heure ci !
Je prends le départ au Moulin de Fourge lieu de mon mariage. Je me colle devant un cumulus, à me maintenir quelques minutes en effet de pente, porté par le vent. C’est toujours ça que je donne à la convection pour s’établir. Et à 25 km/h de vent de dos, j’avance !
Dans le même temps, Stéphane sur l’autre LS6 et Fabian sur ASW28 m’ont suivi et partent aussi. Fabian a tenté le plan qu’on avait évoqué au sol : s’en aller directement vent dans le dos, pour passer en local de St-André. Mais ce plan avait un inconvénient majeur : il n’était pas dans l’axe du vent !
Je l’abandonne donc, et pars au cap. C’est la partie extraordinaire du vol, au dessus des bases, contre les nuages.
Je navigue gentiment le long des parois duveteuses. Là-bas dessous, les champs sont exactement de la couleur ocre que j’adore, celle de l’air clair, celle des gros varios. Celle des photos. Je passe la forêt de Rosny, en contrebas du cumulus que je longe.
Et lorsqu’X déboule dans la tranche inférieure, c’est le vol à voile qui reprend ses droits. Celui des chiffres : 600m de plafond, 140 km/h., poussée à 2m/s dans le premier vario. Celui du sport : la scrutation de la « bouille des cumulus », l’analyse de la lumière là-bas, à l’horizon, le calcul de la vitesse. Et celui de l’instinct : le cheminement par la gauche, là, je tire un peu, puis change de rue…parce qu’il faut.
Les premières rues, un peu trop « Nord/Sud », n’en sont pas moins délectables. Délivrant 1,5 m/s à 2m/s dans les pompes, elles portent quasi-régulièrement. Houdan est déposé sur place, et la vallée de l’Eure se profile. J’adore ce vol de début de journée, où l’on peut voir le paysage de près. Où la masse d’air exhale toute sa fraîcheur et… où tout se joue !
Comme il y a deux ans, le 5 juillet 2003, le front n’est pas parti bien vite, et les étalements commencent à 10h30 ! Mon arrivée sur Chartres est tonitruante… un remorqueur qui vient de larguer un Discus (à 700 m, les bougres !) m’évite de justesse dans son plongeon vers son terrain. Forcément, il ne devait pas s’attendre à voir un planeur de Chérence à cette heure !
La pompe du Discus ne me plait pas. L’obscurité gagnant un peu partout, j’y reprends tout même quelques mètres. Une rue bien noire se dessine vers le Sud. Elle est recouverte d’une chape de stratocumulus, mais est bien alignée. Allez, on tente le coup. 160 km/h. Arrivée à 500m. Pas grand-chose sous les premiers cumulus. Un peu plus à droite, au vent. Guère mieux. Un peu plus à gauche, au soleil. Ca continue de porter, mais sans vraiment monter. OK, il fait trop sombre ici. Je ne décolle pas de mes 600m et le gris semble vouloir s’imposer. Pas cool ! Une autre rue à l’allure majestueuse se présente un peu plus à l’Ouest. Allons-y… Pas tellement mieux, et en outre, je suis descendu 500m, maintenant !
Finalement, la situation ressemble bel et bien à celle du 5 Juillet, jour de mon 750km : étalé sur la Beauce, ensoleillé mais mou sur le Perche. Sauf qu’à la même heure (11h), il y a deux ans, je prenais 3m/s et volais à 1200m.
Donc, je ralentis encore. Il faut gagner du temps. 350 m « in the middle of nowhere ». 0,2 m/s « dans le bleu » (en fait, dans le gris). Je prends. Le vent me porte au cœur de la CTA de Chateaudun. Rien à faire, je ne peux pas la contourner. Mais l’avantage du 15 Août, c’est qu’il n’y a aucun militaire qui daigne contrôler une zone à 11h15 du matin ! Je peux donc plonger sur la tâche de soleil qui réchauffe les hangars de la base militaire… et me redonne une petite pompe au dessus des Mirage parqués là. Me voilà sauvé. Accompagné d’un planeur genre Asw19 (c’est très vexant d’être en LS6 ballasté et de ne pouvoir décrocher ce congénère suranné…), j’aborde une nouvelle rue, plus éclairée cette fois, et qui m’encourage à ne pas m’éterniser dans ces pompes mollassonnes.
Et peu à peu, l’évolution espérée de la masse d’air se produit. Le soleil finit par transpercer cette couche nuageuse tenace et la logique de la thermodynamique s’enclenche enfin. Le sol chauffe, l’air s’échauffe. Il daigne enfin tolérer plus d’eau en son sein. La masse d’air s’assèche. Les nuages reculent et le cercle vertueux s’amplifie. C’est beau, la physique.
L’ambiance, toujours voilée, s’illumine peu à peu. Sur cette terre nettoyée de toute trace d’eau par trois mois de sécheresse, le moindre rayon lumineux suffit à réchauffer chaque caillou. Qui restitue illico cette énergie à une masse d’air bien refroidie. Et voilà quelques particules aériennes qui se meuvent, se rassemblent et viennent m’élever enfin au dessus des 800m pour me faire franchir la Loire. Il est midi : 200 km en deux heures avec 25 km/h de vent arrière, c’est médiocre ! Mais ma femme est en Kirghizie et je n’ai rien d’autre de prévu cet après-midi. Je continue, donc.
Depuis avant-hier, jour de mon dernier passage ici, la Loire étire toujours sa majesté turquoise au milieu des bancs de sables, serpentant entre les champs et les vignobles. Et le Cher lui fait un magnifique écho après une nouvelle glissade aérienne. Chenonceaux trône, illuminé d’un soleil enfin radieux. Je dévale la France historique dans un aéronef ultra-moderne.
Stéphane, encore gêné dans la masse d’air brumeuse de la Beauce me demande comment ça se passe. Et, alors que je lui réponds « Bof, j’oscille entre 600 et 900 m, sous de belles rues , mais sans grosses ascendances », mon planeur reçoit enfin la poussée que j’attends depuis longtemps. Je tire légèrement et toute la magie de la physique opère. L’énergie cinétique de ma machine chargée d’eau est convertie en altitude amplifiée par l’ascendance. Tout est parfaitement en rythme.
Un tour de spirale plus tard, je peux terminer mon message radio « Remarque, je te dis ça…mais j’enroule 2,8 m/s ! ».
Et me voilà à 1000m ! L’optimisme revient à bord. Il est temps de se restaurer.
La convection se met enfin efficacement en branle. Efficace système qui pose les cumulus les uns à coté des autres dans le lit du vent. Il me propulse vers Poitiers… et sa zone contrôlée de classe D, sur laquelle je risque de buter, dépourvu de transpondeur. Exaspérante contrainte administrative dans ce splendide espace naturel de liberté.
Je commets alors ma seule erreur du vol ; je me décale de 5 km à l’Est, pour éviter cette zone prohibée. La rue suivante débouche dans une masse d’air aux ascendances désorganisées et faibles. Mon altitude maxi perd encore 200 m… Me voilà dans le bocage poitevin, à l’orée du pays des vaches et des lacs. La dernière fois, mon ciel s’était éclairci ici. Mais aujourd’hui où tout est inversé, je retrouve l’air saturé d’eau, renâclant à s’échauffer. Je ne sais pas si je suis trop tôt ici, ou trop à l’Est, ou trop … impressionnable. Mais je suis surtout méfiant de ce que je vois.
Alors je prends la terrible décision, celle qui me fend le cœur. J’arrête ma course folle vers le Sud. Même pas un vrai point de virage répertorié dans le coin pour faire un demi-tour propre. Je dois même concéder un petit crochet pour me remonter, parce qu’évidemment, si je décide de faire demi tour, c’est parce que c’est moins bon. Et je sais que c’est moins bon… parce que je n’ai pas réussi à monter. Heureusement un vario correct me permet de reprendre un peu d’altitude, et, en deux rebonds, je rejoins la bonne zone au Nord de Poitiers.
Et cette fois, une demi-heure plus tard, c’est l’extase. A 13h (il était temps), je commence enfin à me régaler. 1200m de plafond et des cumulus dignes de tous les cours de vol à voile en Australie ou au Texas. Avec des pompes que je connais par cœur cette année : 2,5 m/s à 600m, 3m/s à 1000m, pour finir à 3,5 m/s. Comme tous ces cumulus que Sylvain et moi avons écumés en Finlande.
Je suis ultra-entraîné dans ce type de temps. C’est parti ! Maintenant, on peut faire parler la poudre. J’avertis les copains que « c’est fumant à l’Ouest de Chatellerault ». Du coup, Fabian oblique sa route vers Angers. Pendant ce temps, Vincent et François virent au dessus du domaine viticole de ce dernier. Stéphane poursuit sa ballade au Sud de la Loire vers Chateauroux. Les copains qui nous rejoignent dans les airs confirment : ça commence à devenir bon sur toute la zone, même sur la Beauce qui semble enfin s’animer.
Et pour moi, ça roule. Je me fixe finalement « Château Du Loir » comme destination future. Ca me fait longer la zone de Tour sans la pénétrer, tout en restant dans la bonne zone aérologique. Je vire à 1000m sans problème, en ayant réussi à maintenir ma vitesse de croisière de 100 km/h, mais avec le vent de face cette fois-ci. Depuis que je suis repassé sur la Loire (à 1400m d’altitude, maintenant), j’ai décidé d’aller virer au dessus de ce point de virage, mais de revenir ici ensuite. C’est tellement génial dans le coin !
En avant toute, je dévale à nouveau le doux pays angevin toutes ailes déployées. Je n’hésite plus à voler entre 180 et 200 km/h, ne m’arrêtant que dans des ascendances puissantes… en règle générale ! Parce qu’avec 1400m, le plafond n’est tout de même pas énorme. Or, les transitions à cette vitesse, même en LS6 ballasté, nous font descendre assez vite. Et la similitude avec la Finlande demeure : les ascendances sont faibles près du sol. Du coup, il vaut mieux que je reste haut. Je change donc de tactique, et ralentis quelque peu (170 km/h tout de même !).
Bon, il faut garder la tête froide. La vitesse moyenne sur cette branche atteint des sommets, mais surtout parce que j’ai du vent arrière. Donc, l’ordinateur neuronal marche à fond… Faut-il que je m’arrête à Airvault ? Non, il n’est pas 16h, je continue. Le village suivant, Partenay, est atteint en quelques minutes. Les kilomètres virevoltent. Le LS6 fonce vers le Sud, rebondissant de nuage en nuage. L’atmosphère est idéalement partagée entre lumière et cumulus. Je suis en plein milieu du tome 4 de « Quel est le temps idéal pour faire du planeur ? ». Même si la convection poitevine est moins puissante que sur les plaines céréalières, je vole au paradis. Allez, un dernier cumulus pour la route, et je vire à Mazière.
Km 320 et il est 16h15. Mon X a zébré la carte d’un trait de 140 km en une heure.
Bon, et bien maintenant, c’est tout simple. Il n’y a plus qu’à rentrer au terrain. Avec ma moyenne actuelle, j’ai de la marge. Mais nous sommes tout de même presque 2 mois après le solstice d’été, et les jours commencent à raccourcir. Sans compter le vent, qui si il daigne bien ramollir un tant soit peu, flirte toujours allègrement avec les 20 km/h, plein de face.
Je profite du moment pour conseiller à un de nos Pégase qui traîne du côté de Chateauroux de commencer à songer à remonter. Il n’a ni mon entraînement, ni mon planeur, ça s’annonce mal pour lui !
Le retour sur la Loire, second du nom, me régale autant que la première fois.
Le fleuve me gratifie même d’une montée jusqu’à 1500m.
Puis, peu à peu, les cumulus deviennent plus rares.
Alors, je m’applique. Je soigne les cheminements, je monte tranquillement quand il le faut. La zone de Chateaudun est donc remontée à pas réguliers. J’aime ce moment où je franchis le kilomètre 150. J’y retrouve mes marques et les paysages écumés depuis mes premières heures de vol : « Coming Home ».
Tout comme le 5 juillet 2003, c’est Philippe Urban qui me communique régulièrement les infos météo, depuis le LS4 SC cette fois.
Le vent et les ascendances un peu plus faibles me ralentissent mais ces informations me confortent. La situation se maintient jusqu’à notre zone. A condition que je gère bien la fin du vol, je devrais donc pouvoir rentrer. Je sais que tout se joue maintenant. Voler vite dans les zones fumantes, c’est facile. Mais doser le vol pour gérer les ascendances plus faibles tout en courant contre la montre de la nuit qui approche requiert autrement plus de lucidité. Surtout après 7h passées immobile dans 3 mm de fibre de verre…
En approchant de l’Eure, les cumulus se font de nouveau un peu plus joufflus, ce qui devrait me garantir une convection plus tardive. Philippe confirme encore une fois 2m/s sur Dreux.
Le triangle Chartres Dreux Senonches est pavoisé des plus belles couleurs. L’ocre intense des chaumes d’une fin d’après-midi répond aux ombres des cumulus. Pof, pof : une pompe à Chateauneuf, un petit cheminement, dernière ascendance vers Dreux et, hop, me coller au plafond devrait me remettre en local. Bon, ça c’est le plan.
Le Pégase s’annonce maintenant à Blois et me demande conseils. Que lui répondre ? C’est sûr que c’est cuit pour son retour. Tout le monde est en train de converger. François et Vincent arrivent dans la zone de St-André. Philippe, dans son LS4, a plus de mal.
Pour une fois, mon plan marche comme prévu jusqu’à Dreux. Et l’habituel étalement du Nord de l’Eure m’attend. Sauf qu’aujourd’hui, les nuages stagnant à 1300 m interdisent le simple « Plafond Dreux / plané / posé Chérence ».
Je suis en limite du local. 1500m au km 54. Choix cornélien entre tenter l’arrivée directe, sans gros espoir d’une nouvelle ascendance, ou faire un détour qui augmente mes chances de remontée, mais oblitère toute possibilité de rejoindre le terrain si je ne trouve rien. Je choisis de cheminer sous la bordure de l’étalement. Et au travers Ouest d’Anet, un dernier vario m’attend. Les cumulus semblent beaux, ils sont bien alimentés par du soleil, mais l’ascendance est décevante, oscillant entre 0,8 et 1,4m/s. J’y reprends 100 m. Avec le vent, je garde toute mon eau, car je vais en avoir besoin !
Au plafond, l’iPAQ m’annonce 140m de marge sur le plan calé à +1m/s. Pas terrible, mais bon, j’y crois : je vais essayer de cheminer sous les altocumulus. Philippe avait continué, il végète dans les basses couches aux limites du local.
Je m’élance très prudemment, en visant les bases un peu plus noires. Sur la forêt de Rosny, j’ai rejoint le plan de finesse 25, mais à 650 m, la marge que ça donne est faible. Encore et toujours ces satanées arrivées face à la falaise de Chérence, sa « dégueulante » et… son effet psychologique ! Heureusement, au Sud de l’écluse, les bases sombres que j’avais dans le viseur me délivrent effectivement la portance espérée. Je tire sur le manche, et respire dans la dernière ressource du vol, au cœur de cette ascendance salvatrice. Elle me donne toute la marge dont j’avais besoin pour traverser la descendance sous le vent de la falaise.
Je signale la position de cette dernière pompe à Philippe, mais elle reste un peu trop loin pour lui.
Je m’autorise un petit passage et 9h exactement après mon décollage, j’atterris à 19h. Finalement… c’est tôt ! 902 km au compteur, c’est cool… Mais si j’avais poussé un peu plus dans la bonne zone, et si j’avais profité un peu plus longtemps de la convection, et si … ? Etrange sport où plus on réussit, plus on prend conscience de ses limites, et moins on est satisfait… Mais quelle belle perspective d’une progression sans fin !
Les minutes qui suivent me calment immédiatement : tout le monde se vache. Nous irons chercher le Pégase au Sud de Bonneval, km 110. Malgré ce petit goût d’inachevé, je me rends à l’évidence : j’ai exploité la journée à fond.
Ces réflexions sportives sont cependant très vite relativisées par l’annonce de l’accident de Fred, qui crashe son planeur peu avant la piste. Heureusement, il en sortira désincarcéré par les pompiers totalement indemne. Tout le reste de la journée (nos vols, les vaches, et même la casse de la machine) n’est finalement que très accessoire par rapport à ça.
Bref : une journée intense !
Luc Isnard |